Englischer Garten à Munich, Botanischer Garten à Berlin-Dahlem, Volkspark Hasenheide à Berlin, Park Sanssouci à Potsdam sont quelques-uns des parcs les connus en Allemagne, mais il y en a bien d’autres, ainsi que de très nombreux vergers et jardins potagers, historiques ou populaires, comme les Gartenkolonie, ces jardins ouvriers que l’on trouve partout, même dans les plus petits villages.
Culturellement, l’Allemagne est proche de ses forêts naturelles, mais elle a aussi sculpté joliment la nature. Rien qu’à Berlin les espaces verts, forêts, bois et parcs, représente plus de 40% de la superficie de la ville, et Goethe qui adorait les jardins écrivit un Essai sur la Métamorphose des Plantes qui est toujours d’actualité.
L’Allemagne est aussi le territoire qui a donné naissance à la meilleure pomme de terre du monde, la pomme de terre Linda, les meilleures asperges du monde, les asperges de Beelitz, les meilleures cerises du monde, les cerises de Werder et les meilleurs cornichons du monde, les cornichons du Spreewald.
C’est aussi en Allemagne, que pour aider les malades à se rétablir, on créa des parcs autour des hôpitaux. Le texte ci-dessous, écrit en 1926, est très enthousiaste. Il reflète aussi la réalité actuelle.
Si nous voulons prendre une idée de l'état le plus avancé de l'horticulture en Allemagne, commençons nos explorations par la Bavière ; c'est là que nous verrons les plus beaux jardins paysagers qui soient en Europe, sans excepter ceux de la riche Angleterre. Le souverain actuel de la Bavière est un des protecteurs les plus éclairés du jardinage ; il est surtout amateur passionné des grands jardins du style pittoresque. Nous remarquons dès notre entrée dans ses états, le long des grandes routes, des arbres de toute espèce choisis parmi ceux qui supportent le climat du pays; ces arbres se recommandent les uns comme ornement, les autres par leurs usages économiques ; c'est par ses ordres qu'ils ont été plantés afin de mettre tout le monde à même de juger de leur degré d'utilité et d'agrément.
Un pareil système devrait être adopté et pourrait l'être à bien peu de frais dans toute l'Europe ; ce serait une dépense publique bien légère et très utile. Nous voudrions aussi voir s'étendre tous les états de l'Europe l'institution des commissions permanentes d'améliorations, chargées par le gouvernement bavarois de proposer tous les embellissements que chaque partie du pays peut recevoir, tels que fontaines, jardins, promenades ou constructions d'utilité publique ; un recueil périodique publie les travaux et les rapports de ces commissions, qui ont rendu et continuent à rendre à l’horticulture bavaroise. de très importants services.
Notre première visite est due au jardin de Nymphenbourg, à quelques kilomètres de Munich. Ce jardin était dans l'origine un jardin géométrique, une espèce de petit Versailles, selon la mode du temps où il fut planté. Vers l'époque de la révolution française, il changea de forme en partie, pour prendre celle d'un jardin paysager. Malheureusement, le sol est tout plat à plusieurs myriamètres à la ronde, de sorte que l'artiste chargé de dessiner les bosquets a été privé de la principale source du pittoresque, de celle qui résulte d'un terrain accidenté ; à cela près, il a su en tirer tout le parti possible. Nulle part ailleurs nous ne trouverons une plus riche variété d'arbres et d'arbustes de pleine terre; nulle part aussi l'on n'a pris plus de soin de tout ce qui peut rendre un jardin agréable au promeneur : c'est ce luxe dans les choses publiques, toujours louable là ou tout le monde est appelé à en profiter.
On trouve en Bavière un très grand nombre de beaux jardins publics ; en outre, les grandes routes sont pour la plupart de véritables promenades, avec des bas-côtés bien entretenus, des lignes d'arbres d'ornement très variés, et de distance en distance, des demi-cercles de gazon ombragés de grands arbres, avec des sièges commodes pour le repos des voyageurs. Nous n'oublions pas de rendre justice au soin judicieux qu'on a pris de joindre un jardin spacieux et agréable au grand hôpital de Munich, jardin exclusivement réservé aux convalescents, et entretenu avec un luxe de fleurs qui ne saurait être mieux sa place. En France , beaucoup de grands hôpitaux, à commencer par l'Hôtel-Dieu de Paris, n'ont pas de promenoir où les convalescents puissent prendre l'exercice dont ils ont si grand besoin.
Dans tout le reste de l'Allemagne, deux classes de jardins méritent surtout notre attention, ceux des résidences princières, et ceux des villes où des eaux minérales attirent un grand concours d'étrangers. Le style paysager domine dans toutes ces compositions. Nous avons parlé des promenades publiques dont les principales villes d'Allemagne sont décorées par les soins de leurs autorités municipales; le plus beau de ces jardins, dont nous avons donné le plan est celui de Magdebourg. À Francfort, le sénat voulant mettre un obstacle de plus à la fantaisie qui pourrait prendre aux grandes puissances d’emprisonner dans des fortifications les citoyens de cette ville libre, a fait jeter les remparts dans les fossés, et convertir le tout en jardins dans le goût anglais. C’est une ceinture de bosquets de plusieurs kilomètres qui entoure la ville ; on n'y saurait entrer d'aucun côté sans traverser un jardin. Nous avons cité deux exemples de la même sagacité, Aix la Chapelle (Prusse-Rhénane) et Louvain (Belgique).
En Prusse, les beaux jardins sont les uns sur les autres ; le rude climat de la partie septentrionale de ce royaume y a multiplié les serres dans tous les jardins de quelque importance. L'horticulture européenne devra le plus beau jardin d'hiver qu'elle ait possédé jusqu'à ce jour, à la libéralité du roi de Prusse, qui consacre en ce moment trois millions de sa fortune privée faire construire Berlin une serre colossale où le public se promènera sous la neige au milieu des arbres et des fleurs de tous les climats, végétant comme dans leur pays natal, en pleine terre.
Cette serre laissera loin derrière elle celle de Schoenbrünn, rèsidence impériale près de Vienne, qui passait pour la plus spacieuse de toute I’Allemagne. Vienne et les principales villes de l'empire d'Autriche ont leurs jardins, les uns symétriques, les autres paysagers. En Hongrie, le goût symétrique domine encore dans la plupart des grands jardins, de même qu'en Pologne et en Russie, sauf quelques rares exceptions.
Dans le duché de Bade et dans le Wurtemberg, les pentes des Alpes de Souabe et les aspects pittoresques de ce qui reste de la Forêt-Noire sont utilisés pour un grand nombre de très beaux parcs. Dans le jardin public de Carlsrühe, nous ne devons pas manquer de voir un singulier phénomène de végétation, c’est un saule pleureur de fort grande taille, planté en 1787 ; un coup de vent Ie renversa en 1816. Une de ses branches fut retranchée ; l'autre reçut pour l'étayer un tronc de chêne solidement fixé dans le sol ; ce chêne était recouvert de son écorce. Le saule poussa une racine entre le bois et l'écorce pourrie de son étai ; la racine, parvenue à la grosseur du bras, fendit l'écorce et descendit jusque dans la terre où elle s'enfonça d'elle-même, rendant ainsi l'arbre un appui naturel qui rend inutile celui qu'on lui avait donné.
Sous le point de vue de la production des fruits et des légumes, l'Allemagne est au niveau des pays les plus avancés de l'Europe ; les vergers de l'Allemagne méridionale produisent en abondance d'excellents fruits; la culture forcée, très répandue dans l'Allemagne du nord, y donne ses produits en toute saison, et à des prix assez modérés. Les jardins potagers sont proportionnés aux besoins de la consommation, et chaque habitation champêtre a sa plate-bande de fleurs. Quelques localités sont renommées pour la culture de certains légumes; dans les environs d'Ulm (Bavière), les asperges passent pour être de meilleure qualité que dans tout le reste de l'Allemagne ; les amateurs de cet excellent légume font venir d'Ulm des graines et même des griffes de ces asperges pour leurs plantations. C'est une grosse asperge violette qui ne diffère pas essentiellement de la grosse asperge de Gand.
Allemagne possède un grand nombre de sociétés d'horticultures bien organisées; l'une des plus célèbres est celle de Frauendorf, qui possède un immense verger planté de toutes sortes d'arbres fruits ; c’est la collection de ce genre la plus complète de l'Allemagne. La société d'horticulture de Frauendorf publie deux recueils dont l'un hebdomadaire est intitulé Gazette des Jardins (Garten-Zeitung), et l'autre mensuel et spécialement consacré aux vergers, sous le nom de l'Ami des arbres fruitiers (Der Obstbaum Freund). Ces deux recueils sont l'un et l'autre très répandus en Allemagne.
Quelques jardins fruitiers, potagers et paysagers en Allemagne rappellent de grands souvenirs : tels sont, en Saxe, les vergers d'Erfurt, déjà célèbres du temps de Charlemagne, et en Prusse les bosquets de Sans-Souci, créés par le grand Frédéric.
La profession de jardinier offre un grand débouché en Allemagne ; ceux qui s'y distinguent parviennent tous à une honorable aisance. Les Allemands appliquent à la profession de jardinier la coutume que quelques professions seulement suivent en France : après trois ans d'apprentissage, il faut que le jeune jardinier voyage, et il ne peut espérer de se placer avantageusement s'il n'a fait son tour d’Allemagne, comme nos tailleurs et nos cordonniers font leur tour de France. Beaucoup de grands propriétaires, lorsqu'ils ont reconnu dans un jeune jardinier un degré suffisant d'intelligence et d'aptitude s'instruire, le font voyager pendant deux ou trois ans en Hollande et en Angleterre, dans le but de l'élever à son retour au grade de jardinier en chef.
L'Allemagne a produit un grand nombre de bons ouvrages sur différentes parties de l'horticulture; les écrits de Sickler et ceux de Von Sckelt sont les plus connus et les plus estimés hors de l'Allemagne ; ils sont traduits en anglais, et les horticulteurs anglais en font autant de cas que des meilleurs auteurs de leur nation qui se sont occupés d'horticulture. Photo fruits
Source : Maison rustique du XIXe siècle tome 5.
Essai sur la Métamorphose des Plantes à la BNF.